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De l’art d’ aller à la rencontre de soi

Recherche modèles pour une série de clichés sur le thème "Squares-Triangles-Circles-Heart",

C'est comme cela que tout a commencé. Juste une annonce sur un site de casting, à laquelle, pour une fois, j'ai décidé de répondre. Premiers e-mails échangés avec le photographe, je souhaite en apprendre davantage sur le projet car l'intitulé me semble flou. (...)The approach is twofold; a dressed version and a version without (visible) clothing. So i need to know which you choose for (...). me dit-il. Mon oeil inquisiteur se pose sur le mot "visible" que les parenthèses ont rendu optionnel. Et voilà, pensais-je, sûrement un de ces pervers déguisés en photographe. L'e-mail finit dans ma corbeille. J'ai tout de même griffonné son nom sur un post-it "Jef Bex". Deux jours se sont écoulés. Je tape son nom dans la barre de recherche Google et je tombe sur son site web. J'explore les collections "monochrome" et "anonymous". Sur mon écran défilent, des portraits de femmes à la sensualité dénuée d'érotisme. L'objectif tel un ventriloque anime les corps et me parle de mon rapport à l'intime, entre rêve et réalité. On est loin des silhouettes lisses des mannequins du Elle Belgique. Les corps boudinent et le regard est fuyant, hagard , hésitant. J'éteins mon ordinateur et je trouve en moi le désir insensé d'habiter l'imaginaire de cet artiste. L'idée m'effraie. Je la laisse décanter. Une semaine s'écoule, j'écris par pudeur "... If the casting is still open i will go for the dressed version..."pour me donner un semblant de décence.

Le jour “J” arrive. Je n'ai pas pu avaler mon petit-déjeuner. La peur m'étreint "Mais enfin quelle sottise de s'exposer à un tel danger, entant que femme et s'il..." Cette voix qui résonne dans mon esprit, je la reconnais. C'est celle qui me fait contourner un parc à la nuit tombée ou éviter les rues peu éclairées au retour d'un resto entre amis. Je l'écoute, je lui parle, je la rassure; "Tout ira bien". J'ai pris mes précautions. J'ai laissé les coordonnées du photographe sur la table de nuit de mon compagnon. Je prends mon train et descend au lieu du rendez-vous. Jeff est venu me chercher en voiture. Sur le trajet, nous échangeons des mondanités. Arrivés chez lui, nous discutons du projet dans son bureau; idées de pose et mise en scène. Il prend quelques clichés, nous les visionnons ensemble. Il me donne des conseils sur ma posture. Nouvelle série de flashs, je m'abandonne, la magie s'opère.

Me voir à moitié vêtue fût une expérience difficile mais nécessaire. J'étais à l'affût de la moindre imperfection, mon cou plissé, mes cheveux ébouriffés, mes bras charnus, ma peau du visage huileuse et boutonneuse. Cela m’a permis de voir que je n’étais pas immunisée par les canons de beauté de notre société que sont la minceur et l'éternelle jeunesse. De voir que nos complexes naissent par comparaison. De voir que ma beauté est singulière. Une expérience que je recommande à tous car je suis convaincue que les plus belles aventures commencent au-delà de notre zone de confort.

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Search models for a series of photos on the theme "Squares-Triangles-Circles-Heart",

That's how it all started. Just an ad on a casting site, which for once I decided to answer. First e-mails exchanges with the photographer, I want to learn more about the project because the title seems vague to me. (...)The approach is twofold; a dressed version and a version without (visible) clothing. So i need to know which you choose for (...). he tells me. My inquisitive eye falls upon the word "visible" that the brackets have made optional. Of course, I thought, probably one of those perverts disguised as a photographer. The e-mail winds up in my trash. I scribbled however his name "Jef Bex" on a post-it. Two days went by. I type his name in the Google search bar and find his website. I explore the "monochrome" and "anonymous" collections. On my screen, I see portraits of women with a sensuality devoid of eroticism. The lens, like a ventriloquist, animates the bodies and tells me about my relationship with intimacy, between dream and reality. We are far from the smooth silhouettes with the asserted sexuality of the models of Elle Belgique. The bodies are sulking and the glance is fleeting, haggard, hesitant. I turn off my computer and I find in me the insane desire to inhabit the imagination of this artist. The idea frightens me, I let it decant.

A week goes by, I write by modesty "...If the casting is still open i will go for the dressed version..." to give me a semblance of decency. D-Day's coming. I couldn't swallow my breakfast. Fear gripped me. "But what's the sense of exposing oneself to such danger as a woman and if he..." That voice that echoes in my mind, I recognize it. It's the one that makes me walk around a park at nightfall or avoid the dimly lit streets on my way back from a restaurant with friends. I listen to it, I talk to it, I reassure it; "Everything will be all right". I took my precautions. I left the photographer's contact information on my companion's bedside table. I take my train and get off at the meeting place. Jeff picked me up by car. On our way, we exchange pleasantries. At his home office, we discuss the project; the ideas for the pose and the staging. He takes a few shots, we view them together. He gives me advice on my posture. New series of flashes, I surrender, the magic happens.

Seeing me half-dressed was a difficult but necessary experience. I was on the lookout for the slightest imperfection, my neck wrinkled, my hair tousled, my arms fleshy, my face oily and pimpled. This allowed me to see that I was not immune to the beauty canons of our society: thinness and eternal youth. That our complexes are born out of comparison. That my beauty is singular. An experience that I recommend to everyone because I am convinced that the most beautiful adventures begin beyond our comfort zone.

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